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...  Tous les POTINS de 2012  ...



ICI seront archivés tous les POTINS 2012
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N°20 POTIN de la SEMAINE.
André Rière et la nuit du 31 août au 1er septembre 1925

 

 

A
ndré Rière est natif de Collioure. Comme José Desclaux, fils de Jep  me l’a un jour glissé dans le creux de l’oreille : « Quand on est de Collioure, on joue au rugby. Que ce soit à un haut niveau, à un bon niveau ou à un petit niveau, peu importe, on joue. » Pour André Rière, seconde ligne de 1m85 pour 85kg – Oh, ne riez pas. C’étaient de bons chiffres en ce temps-là –, pour André Rière donc ce fut le haut niveau. Participation à trois finales du Championnat de France au palmarès : 1925 et 1926 avec l’Us.Perpignan, 1929 avec l’Us.Quillan, dont deux furent victorieuses, 3 mai 1925 et 19 mai 1929. Deux titres de champion de France, ça vous classe un joueur. André Riére est de la caste des Grands… En fin de saison 1928–1929, André Rière, fonctionnaire de police, change complètement d’optique. Il part s’installer au Maroc. Il y trouve un emploi dans les chemins de fer, signe pour l’Us.Cheminots et joue la finale du Championnat du Maroc (perdue) en 1931. Il devient par la suite éducateur, arbitre et sélectionneur de l’équipe nationale de ce Maroc qu’il a et qui l’a adopté… En prenant la carrière d’André Rière en diagonale, voilà pour le rugby !

Ce qui m’intéresse à présent, ce qui m’intéressait surtout lorsque j’ai pris la plume, ce sont les fêtes de Banyuls-sur-Mer 1925… Le père d’André Rière, propriétaire du « Thérèse-Maria », est marin-pêcheur à Collioure. C’est sur ce bateau que le fils veut se rendre aux festivités banyulenques. Accord du père qui recommande toutefois au fils de ne pas rentrer trop tard. Il y a du poisson à attraper parce qu’il faut vendre et faire bouillir la marmite… Sur le voyage du retour, vers une heure du matin, en cette nuit du 31 août au 1er septembre, une tempête aussi subite que violente surprend André Rière et huit de ses amis au large du Cap Béar (Béarn, à la Une de L’Indépendant. ???). Une lame de fond suivie d’un violent coup de vent soulève l’embarcation par l’avant et la couche sur le côté. Une énorme vague submerge le tout et le bateau flotte quille en l’air. En quelques secondes, la fête tourne au drame… Yvonne Garrigue et Mme Kramstick se retrouvent coincées dans la cale, prisonnières. Elles y perdent la vie. Les sept hommes s’accrochent à la quille retournée. Se sentant responsable du groupe, André Rière décide de regagner la côte à la nage pour aller avertir le personnel de garde au sémaphore du Cap Béar et déclencher les secours. Les archives, abondantes dans les colonnes de L’Indépendant, parlent de trois heures de lutte et d’efforts surhumains. Trois heures à nager dans des flots déchaînés, titanesque !... Lorsque les sauveteurs arrivent sur zone, le constat est catastrophique : ils dénombrent sept morts (dont Roger Py et Paul Carcassonne de l’Usp et Henri Deboher, Georges Crassous, plus le tout petit Robert Garrigue, âgé de 5 ans). Barthélèmy Py, comme André Rière, est parvenu à regagner la côte à la nage. Exténués mais sauvés. Seuls les deux naufragés qui ont quitté le bateau et ont lutté sont sains et saufs. Ils se sentent miraculés.

Né à Collioure le 26 juin 1902, passé par le Maroc une grande partie de sa vie, André Rière est revenu à Perpignan pour y décéder le 5 janvier 1979. Il était Médaille d’or de l’éducation physique et sportive (1952). Les autorités marocaines l’avaient fait chevalier de l’Ordre du Ouissam Alaouite (1947). André Riére était aussi titulaire d’un diplôme d’honneur marocain pour… plusieurs sauvetages de noyades en mer. Au lendemain de la catastrophe du 1er septembre 1925, le journaliste de L’Indépendant avait écrit : « André Riére a accompli une tâche surhumaine en essayant de sauver ses amis.» Courageux face à la mer et ses dangers, comme il l’était sur un terrain, André Riére l’est resté jusqu’au bout.

 

Jo Socdel’Ac





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Bugarach, comme terre de rugby

 

Z’avez eu peurrrr ? Bien peurrrr ? Moi oui ! Avec toutes ces histoires de catastrophes en tout genre, ils vont finir par avoir ma peau. Faut pas rigoler avec les malades du cœur... Mais l’histoire pas drôle du tout de Bugarach m’a remis en tête un fait (presque) similaire qui se rattache au rugby. Au football-rugby, faudrait-il dire puisque c’est ainsi qu’on appelle notre sport à ses débuts. Et nous sommes en 1909.

L’As.Perpignan s’entraîne et joue ses matchs au Champ de Mars de Perpignan. Vers Saint Gaudérique. Sur l’emplacement du Lycée Jean-Lurçat et de la caserne de la Gendarmerie. Là, il y a un bout de terre vierge sur lequel pousse une herbe maigrelette et que l’on appelle le Pré-aux-Clercs. Rien à voir avec les pelouses de nos jours. Les cailloux n’y sont pas rares et les genoux en souffrent. Mais nos pionniers s‘en accommodent, sans se plaindre. Les cailloux ne sont d’ailleurs pas les seuls inconvénients de cette aire de jeu. Lisez donc un témoignage autorisé de l’époque. Il est tiré de l’ouvrage « Le Rugby catalan, 25 ans de sport au pays du soleil » d’Albert Bausil et Jean Vidal (1924). « Un côté du terrain était tellement encombré de ronces et d’astrigouls qu’il était convenu qu’on ne chargeait pas de ce côté-là ! Ainsi, la ligne de touche ressemblait plutôt à une ligne un peu brisée et arrondie du côté des piquants. » (pg11). C’est du Pagnol. Avant l’heure.

Pourtant c’est là que le ballon ovale grandit, attire de plus en plus de monde et gonfle en équipes. Prenons une fois encore Albert Bausil et Jean Vidal pour témoins. « Le théâtre de leurs exploits fut, comme toujours, le Champ de Mars qui commença à prendre, les jeudis et les dimanches, un aspect extraordinaire d’animation, six ou huit équipes jouant à la fois sur des terrains improvisés. » (p19). Le Champ de Mars, vers lequel se presse un nombreux public, est à présent un lieu de rencontres. Dans tous les sens du terme.

Et nous voilà tout près du 19 juin 1909… Des savants (Hum !) ont annoncé un tremblement de terre sur les Pyrénées Orientales. Ce jour-là, Perpignan doit souffrir. Cataclysme now ! Braves gens, c’est la fin. Accrochez-vous les espardenyes ! Pour corser le tout, des plaisantins font courir le bruit que moult Perpignanais ont dressé leurs tentes au Champ de Mars (Là est le lien avec le football-rugby) pour trembler certes, avoir la trouille oui, mais au moins éviter tous les gravats qui ne vont pas manquer de tomber des maisons en s’écroulant et ensevelir les passants qui vont quitter la vie dans des souffrances atroces au moment où la terra nostra va trembler. S’il est un lieu qui peut sauver les foules, c’est le Champ de Mars. Que le Dieu des armées veille sur eux, pauvres pécheurs !... Le bruit (du canular) se répand comme une traînée de poudre. A la vitesse grand V. De la route de Prades à celle de Thuir, en passant par Saint Martin, Saint Matthieu sans oublier le Faubourg Notre-Dame ou le quartier Saint Jacques (« Aïe noï, qu’ens ho fan ! Je mérite pas ça moi. J’ai fait que du bien dans ma vie. La tête à ma mère ! »), avec Saint Jean et le Vernet qui s’y joignent, nombreux sont ceux du tout Perpignan qui prennent familles et bagages sous le bras et s’en vont « passer la nuit à la belle étoile pour se mettre à l’abri » A l’abri à la belle étoile, quel tour de force ! L’Indépendant du jour parle de 1.500 personnes prises au piège de la crédulité. En ce chaud jour de juin, la peur a fait belle boule de froide neige. 1.500 personnes qui, au petit matin, regagnent leurs pénates la tête basse avec la sensation pénible de s’être fait berner… Pas de tremblement de terre catalane. Pas la fin du monde promise. Comme à Bugarach… Aïe fill meu, l’Histoire reste un éternel recommencement !

 


Jo Socdel’Ac




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Les 85 essais de Serge Torreilles

 

Tout près du 25 décembre qui arrive à pas de géant, c’est le tout petit par la taille mais gigantesque par le talent Lionel Messie, le footeux du Fc.Barcelone, qui m’a inspiré le potin de cette avant-dernière semaine de l’Avent… La Presse en a fait des tonnes sur les 86 buts inscrits par le génie barcelonais sur une année civile. 86 ! Ce chiffre colossal en a fait remonter un autre tout autant pharamineux dans ma mémoire… 85 !!!

85, dans mon subconscient usapiste, c’est Serge Torreilles. « Le blond ailier catalan », l’appelaient les journalistes... Serge Torreilles débute le rugby au Baixas Athlétique Club. Bien sûr ! Vainqueur du Challenge Républicain alors que l’équipe de Trouillas gagne sur le terrain mais est déclassée, il y obtient son premier titre en 1947. Le match se joue sur le stade Aimé-Giral. Les dirigeants de l’Usap le remarquent et lui font signer une licence. Début 1947-1948, le voilà joueur usapiste pour seize saisons. Jusqu’en 1962-1963… Il devient titulaire en équipe 1 au cours de la campagne 1950-1951 avec un premier match de Championnat en avril contre Mont-de-Marsan. Il y reste inamovible pendant treize saisons, toujours à l’aile. Pour les besoins du club, il accepte de se déplacer à l’ouverture (1960-1961) ou à l’arrière (1961-1962).avec un dernier match de Championnat en février 63 contre Saint Sever.

Au palmarès de Serge Torreilles, on relève une participation à deux seizièmes de finale (1961 et 1962), un huitième (1959), deux quarts (1954, 1957), une demie (1951), une finale (1952) et un titre (1955) en Championnat ; deux demi-finales (1957 et 1958), une finale (1956) et un titre (1955) en Challenge Yves-du-Manoir… La saison 1955 est historique. Le doublé Championnat-Du Manoir en fait la référence en Pays catalan.

Quand l’Usap pénètre sur le stade de Bordeaux le 22 mai 1955 pour rencontrer le Fc.Lourdes en finale du Championnat de France, elle a face à elle une constellation d’internationaux (huit plus deux à venir) déjà champions de France en 1952 et 1953, avec 1956, 1957, 1958 et 1960 à venir. L’Usap gagne… Le 29 mai 1955, une semaine plus tard, la revoilà sur le terrain pour disputer une seconde finale. Le Fc.Mazamet, conduit par le Catalan Lucien Mias, futur capitaine du XV de France, se dresse sur sa route. Le Challenge Yves-du-Manoir est en jeu. Les Usapistes gagnent encore…Lors de ces deux finales, Serge Torreilles inscrit trois essais (un contre Lourdes, deux face à Mazamet)... Marquer des essais est d’ailleurs la spécialité de Serge Torreilles. Il en marque 85 au cours des 143 matchs de Championnat qu’il dispute sous le maillot de l’Usap. C’est un record. Il est meilleur marqueur de l’Usap au cours de six saisons : 54, 55, 56, 58, 59, 60. Il dépasse dix essais dans la saison à quatre reprises (53, 54, 55, 59)... Il est meilleur marqueur français en 1959 avec 15 essais à son actif : 6 contre Saint-Sever (4+2) ; 4 face à Soustons (1+3) et Biarritz (2+2) ; 1 devant Chambéry.

Serge Torreilles est joueur international, le 14 janvier 1956 contre les Ecossais à Edimbourg… Il est aussi des rencontres internationales que la Ffr ne répertorie pas comme match officiel. Les Jeux Méditerranéens de Madrid en 1955 entrent dans ce cadre. Serge Torreilles joue les deux matchs, victorieux, de cette compétition les 22 et 24 juillet : 16 à 8 contre l’Italie et 45 à 6 face à l’Espagne. Les archives, maigres sur cet événement, n’ont pas retenu si Serge Torreilles avait inscrit quelque essai.

85 essais en Championnat sous le même maillot, en rugby, c’est énorme. Le chiffre classe Serge Torreilles sur la plus haute marche du podium usapiste... Mais il y a une lacune. De ma part. J’ai omis de relever les essais en Challenges et en amical. Promis, je vais le faire !

 

Jo Socdel’ac.


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N° 17  Le potin de la semaine.

 

En marge de France-Argentine 2012

 

Seconde entorse (consécutive) au récit linéaire des anecdotes hebdomadaires qui illustrent notre rendez-vous. Il me semble à présent qu’elles ne seront pas rares, ces entorses, même si ne nous interdisons pas (conjointement) de reprendre le cours initial. Nous verrons bien si l’actualité est riche ou pas.

Question actualité, le France-Argentine du 17 novembre dernier commence à dater. C’est bien vrai. Mais j’ai envie d’y revenir. Deux secondes… Est-ce que quelque chose vous a frappés au cours de ce match international ?... Rien ? Allez, réfléchissez. Encore un tout petit effort. Les… les… les mêlées, oui ! Bravo. Quand même étonnant de voir la première mêlée du match sifflée à une poignée de secondes de la fin de la première période de jeu. Pas de mêlées pendant 39 minutes. Du jamais vu sur nos stades de rugby. Qu’est-ce que ça prouve ? A mon sens que les joueurs du jour d’aujourd’hui sont de sacrés manieurs de ballons et que le temps de jeu s’allonge d’autant puisque ces ballons ne tombent pas, qui obligeraient l’arbitre à siffler mêlée après mêlée et à saccader le rythme.

Alors dans un cas pareil, le rat d’archives qui sommeille dans le Jo Socdelac que je suis prend obligatoirement le dessus. Et je me suis rappelé avoir vu des choses bigrement étonnantes dans les articles que j’avais lus. De temps à autre, les chroniqueurs de service se piquaient de compter le nombre de mêlées et de touches sifflées au cours d’un match. Je l’ai à chaque fois trouvé énorme, parfois colossalement énorme, ce nombre de mêlées et de touches. Au point de me demander comment il se pouvait que l’on m’ait à d’innombrables reprises rebattu les oreilles du fait que le rugby d’avant se nourrissait à l’auge de l’attaque, se repaissait de passes, s’enivraient d’attaques et se dopaient de contre-attaques. Bref ! A en croire les hérauts de ce rugby de grand-papa : « Dans le temps, on attaquait… dès la sortie des vestiaires. »

Alors j’ai fouillé dans mes notes. Les exemples, pour illustrer mon propos n’y sont pas rares. J’en ai retenu un. « Le plus pire. » J’aurais pu en choisir d’autres, moins colossaux il est vrai. J’ai jeté mon dévolu sur un Usap-Albi du 16 mars 1924, match de poules de 3, qualificatif pour les demi-finales du Championnat de France. Un match à prestige entre deux clubs huppés du moment donc. Je vous livre la ligne d’attaque uspéïste pour planter le décor : Etienne Cayrol à l’arrière : Raoul Got, Marcel Baillette, Roger Ramis, Marcel Darné en trois-quarts plus la charnière des Lilliputiens « que tout le monde nous enviait » René Tabès à l’ouverture, Jean Carbonne à la mêlée. Jean Carbonne, celui dont la passe est passée à la postérité. « La passe à la Carbonne » ! On en parle encore autour d’un zinc. Eh bien, tenez vous ferme ! 11 à 3 pour les Catalans à l’arrivée. Trois essais de Baillette, Ramis et Ribère, une transformation de Baillette. Ribère ! Eugène Ribère dans le pack d’avants mais aussi Ernest Camo, Noël Sicart, Gaudérique Montassié, Camille Montade, Toto Vergès, Etienne Duron, Joseph Sayrou. Pas des manchots, les mecs ! Des bons ! Des très bons !... Les statistiques sont pourtant surprenantes. Je vous les offre… 51 mêlées dont 27 (15+12 pour l’Usp), 72 touches dont 40 (18+22) pour l’Usp, 39 pénalités dont 13 (9+4) pour l’Usp… 162 arrêts de jeu en 80 minutes. Si mes mathématiques ne sont pas fausses, cela fait un chouia au-dessus de deux arrêts par minute plus le temps de la remise en jeu. Ouaouh !... Comment ont-ils fait pour inscrire trois essais. Comment ? Où peut se trouver ce rugby de rêve dont on nous parle ? Où ? Quand peut-on se livrer à l’attaque à outrance ? Quand ? Je m’interroge. Et vous ?

Jo Socdel’Ac


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N° 16 Potin de la Semaine.

 

Retour sur France-Samoa



C’est le dernier France-Samoa qui m’a donné l’idée de cette entorse à l’habitude que nous avions prise. Vous ne pouvez pas, tout au moins difficilement, me refuser l’envie qui me titille de rompre (exceptionnellement ?) le rythme linéaire qui était celui que j’avais adopté/que je vous avais imposé pour l’écriture du potin hebdomadaire de Jo Socdelac, scribouillard à ses heures perdues, officiellement assermenté par les membres de l’Académie Jean-Michel Canet pour animer le site Internet du groupe. Permission accordée ? Merci ! Merci mille fois !!

Qu’est-ce qui m’a donc attiré l’œil lors de ce France-Samoa ?... L’essai samoan. Venu d’un geste d’artiste de l’ailier, en extension pour recentrer d’une pichenette en pleine course sur un camarade qui va en buts. Du grand art ! Mais d’où part le ballon qui conduit à ce geste d’artiste ? Il naît d’un coup de pied à suivre après sprint du Toulousain Census Johnston… Un coup de pied à suivre, c’est somme toute courant dans le rugby, vous êtes en droit de rétorquer. Oui, vous avez le droit de penser ainsi. Mais, braves gens, Census Johnston pèse 130kg, mesure 1m90 et joue pilier. Pilier ! Qu’un pilier soit capable d’une telle technicité relève de l’exploit ni plus ni moins. Jep Desclaux ou Jo Maso, deux virtuoses de la balle ovale, auraient-ils fait mieux ? Il est fini le temps où l’on mettait nécessairement les gros devant en leur recommandant de gagner le ballon sans trop le toucher. Il faut à présent qu’ils soient capables de participer au jeu. Census Johnston sait le faire. Très bien le faire.

Son poids m’a aussi interpellé. 130kg. Et le Jo Socdelac que je suis s’est empressé de fouiller dans les notes qu’il relève en compulsant les archives de la Ville de Perpignan. Une merveille (les archives !). Pour la Ville de Perpignan, je vous laisse juges. Une merveille et un accueil exquis ! Vraiment exquis (,l’accueil aux Archives)!! Pour celui de la Ville de Perpignan, je vous laisse juges (bis).

A partir de maintenant, accrochez-vous, accrochez-vous fort car ça ne va pas être triste… Nous sommes en 1905. Le rugby balbutie encore ses premières passes mais est bien vivace. L’As.Perpignan dispute le Championnat du Sud. En ce 19 février, elle rencontre Mazamet sur terrain neutre au troisième tour de la compétition. Elle gagne (9 à 4, 3 essais de Pares (2) et Larroux) bien qu’ayant dû aligner quatre juniors –des réservistes- « pour éviter de déclarer forfait » et malgré « la présence inopportune et inexplicable de deux arbustes au milieu du terrain. » face à une équipe forte de la présence « de deux Anglais et un Allemand. » Déjà ! Déjà croustillant ! Mais le meilleur est à venir… Le journaliste note que les joueurs de Mazamet font 75kg en moyenne, ceux de Perpignan 62. Ah ?!?... Soit l’Asp a délégué des xiringues pour la représenter. Soit elle a délégué des « Catalans normaux ». Ce qui semble être le cas puisque ce ne sont pas les 62kg (de moyenne) de nos Catalans qui étonnent le journaliste mais bel et bien les 75kg (toujours de moyenne) des Mazamétains présentés comme monstrueux. Ce qui veut dire par déduction qu’il y avait dans la composition d’équipe de l’Asp des joueurs de moins de 62kg (50-55 ?) et des joueurs de plus de 62kg (70-75 ?). Tout est envisageable. Mais fermez les yeux deux secondes et imaginez un Census Johnston face à eux. Le drame ! Un cop d’espatlla et nos braves Catalans se seraient retrouvés à l’hosto a mig morts. Il n’est plus, oh que non !, ce jeu amateur des frères Guy et Lilian Cambérabéro ou des Jean Gachassin, les Lilliputiens artistes de notre rugby à nous. Rugby, mon beau rugby, comme tu as changé ! Mais où t’arrêteras-tu ?

Jo Soc de L'AC

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Le potin de la semaine 15

 

1924-1925

Ses 76kg étant répartis sur 1m76, Roger Ramis est superbement proportionné. Le 12 octobre 1919, lors du tout premier match joué par la toute nouvelle Us.Perpignan, Roger Ramis est titulaire au centre de l’attaque contre le Stade toulousain en amical et marque son premier essai. Il a 17 ans, 6 mois et 14 jours. Il sert le club jusqu’au 19 mars 1933, dix jours avant son trente et unième anniversaire.

Champion de France avec l’équipe 3 de l’Usp le 25 avril 1920, champion de France militaire avec le 502è Chars de Béziers le 22 avril 1923, Roger Ramis joue quatre finales du Championnat de France de Première division. Il perd en 1924 et 1926. Il gagne le 17 avril 1921. Il joue à l’aile. Il s’y « sent exilé ». Il gagne à nouveau le 3 mai 1925. Il joue au centre. Il s’y « régale ». Il marque et transforme en cette occasion l’essai de la victoire. Un essai de légende… A la 32è minute, « Roger Ramis surgit d’un cafouillage sur ses 22 mètres. Il apparaît, seul, éperdu, le ballon en équilibre au bout des doigts. Il part à fond. C’est l’effort athlétique dans sa pure vision. L’homme fonce. Il court, échevelé, le front dressé, ses bras crispés sur la balle. Il tombe dans les buts. » C’est un commentaire journalistique d’époque…Même essai, version Roger Ramis quelques années plus tard. « J’hérite d’un ballon sur la ligne des cinquante. Il vient d’échapper aux deux packs. Je me lance dans une longue course. Devant l’arrière, je fais mine de taper à suivre. Il pivote et me tourne le dos. Je le prends de vitesse. » Quelques variantes. Moins poétique. Tout aussi efficace puisque ça vaut cinq points avec la transformation et le titre de champion de France.

Roger Ramis, qui porte le maillot de l’équipe de France Militaires à deux reprises les 18 février et 24 mars 1923 contre Paris et l’Armée britannique, devient international en trois occasions, pour un nul face l’Angleterre le 25 février 1922 et deux défaites devant l’Irlande (8 avril 1922) et le pays de Galles (24 février 1923)… Le 17 janvier 1925, Roger Ramis reçoit une convocation télégraphique pour jouer France-Nouvelle Zélande. Contrairement à sa précédente manière d’agir qui l’avait conduit à décliner les convocations pour les matchs de sélection (« Je ne me suis jamais senti à l’aise dans le groupe France. »), Roger Ramis accepte. A son arrivée au point de regroupement du XV de France, les sélectionneurs l’informent que le télégramme reçu est un faux et qu’ils n’ont pas besoin de ses services. Un gros différend l’ayant opposé au sélectionneur Gilbert Brutus suite à un article de ce dernier paru dans le « Languedoc sportif » dont Gilbert Brutus est directeur, Roger Ramis y voit le mauvais coup d’un homme qu’il fait révoquer de son poste d’entraîneur de l’Usp en début de saison 25-26… Le 30 septembre 1926, dans les vestiaires où est regroupée l’équipe du Languedoc avant d’affronter les Maoris, Octave Léry, président de la Fédération, et Gilbert Brutus, entraîneur de la sélection, s’approchent des joueurs pour les saluer. Roger Ramis, prévu remplaçant ce jour-là (« Pour un joueur de cette classe, c’est une brimade vexatoire.», dit-on) refuse les mains tendues et lance un cinglant « Il ne me plaît pas de vous serrer la main et voilà ! ». Là s’arrête son temps d’international. « Ce n’est pas plus mal…On ne me fait pas confiance. » commente un Roger Ramis au caractère bien trempé.

Ce joueur au talent indéniable sert l’Us.Perpignan tout au long de treize belles saisons, de 1919-1920 à 1932-1933 sans la moindre cassure. C’est lors de son ultime match, le 19 mars 1933 contre le Fc.Grenoble, qu’il marque le dernier de ses 42 essais en Championnat de France. Il est quatre fois meilleur marqueur du club : 21-22 (9 essais), 22-23 (4), 30-31 (8) et 31-32 (5) et buteur à l’occasion : 9 transformations et 10 drop-goals.

Le stade du Moulin à Vent de Perpignan porte le nom de Roger Ramis.

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Jo Socdel’Ac



Le potin de la semaine. N° 14

1923-1924

Comme l’an 1924 est un tournant dans la vie de Jean Payra dit « aîné », et parce que ce Jean Payra est un personnage de la vie (rugbystique) de chez nous, autorisez-moi, autorisons-nous un tour du côté des Payra, Jean « jeune », Jean « aîné » et Antoine.

Le rugby tout juste né a, dès 1902, les faveurs des Payra, frères et cousins, chassés de Cerdagne par une crise économique. A Perpignan, ils exercent la profession de liquoristes. On les retrouve aussi dans l’équipe de l’Association Sportive Perpignanaise dès sa fondation le 26 janvier 1902. Jean Payra «aîné», le plus charismatique, joue d’ailleurs un rôle essentiel au moment de la création du club. Dans son édition du 13 février 1932, « Le coq catalan » rappelle que « le silence se fait. Jean Payra prend la parole…Une heure après, le Bureau est élu et l’Asp est fondée. ». Les Payra évoluent alors dans l’équipe 1. Le premier compte-rendu de match paraît dans L’Indépendant du 8 février 1903 quand l’Asp joue et perd à Montpellier. Jean «aîné» et Antoine jouent dans la ligne des trois-quarts ; Jean «jeune» en troisième ligne. Jean Payra «aîné » est capitaine de l’équipe de 1904 à 1908, pendant quatre saisons.

Lorsque le rugby se structure et quand les premières compétitions apparaissent. Jean Payra « aîné » est champion du Sud 2è catégorie en 1903; champion du Roussillon en 1905; vainqueur du challenge Génie, du nom d’un grand sportif audois (L’épreuve regroupe des équipes venues des départements de l’Aude, de l’Ariège, des Pyrénées Orientales et du Tarn.) en 1906 ; champion du Languedoc (auquel le Roussillon est affilié) en 1905, 1906, 1907 et 1908. A compter de 1909, Jean Payra « aîné » cède sa place de joueur régulier et n’apparaît plus qu’occasionnellement dans les compositions d’équipes. Cet abandon progressif est dû à l’apparition d’une nouvelle passion dans la vie de Jean Payra : la politique. Il ne quitte pas pour autant le rugby, devient dès lors dirigeant et est à ce titre responsable de l’administration de l’Asp et délégué au Comité du Languedoc en 1910 ; président du conseil d’administration de l’Asp après la guerre 14-18 ; président d’honneur du Comité du Languedoc (1921). Il apparaît sur la photo officielle des champions de 21, comme il figurait sur celle de 1914.

L’année 1920 mérite un temps d’arrêt. A ce moment-là, l’Union Sportive des Fédérations Françaises de Sports Athlétiques est la maison mère de toutes les fédérations mais les sports majeurs réclament leur émancipation. Le rugby se retire de l’Usfsa. Un Conseil provisoire procède à l’élection du premier président de la Fédération française de rugby le 12 octobre 1920. Les représentants de vingt-deux comités participent à l’élection. Jean Payra se porte candidat et recueille 100 des 267 voix exprimées. Le Toulousain Octave Léry en obtient 137 alors que 30 bulletins sont blancs. Lors de la même réunion, Jean Payra est porté à la vice-présidence et se voit confier le poste de délégué à l’Usfsa. Accaparé par ses obligations politiques, Jean Payra abandonne vite ces deux responsabilités et n’est pas candidat à quelque fonction que ce soit au sein de la Ffr lors de l’élection du 10 juillet 1921. Au cours des saisons 1922-1923 et 1923-1924 (élu le 5 décembre 1922, démissionnaire le 27 mai 1924), il assure toutefois la présidence de l’Union Sportive Perpignanais. Il abandonne cette charge lorsqu’il est élu député aux législatives du 11 mai 1924 avec 24.545 voix sur 45.518 possibles sous l’étiquette « Cartel des gauches ». Il est alors, et ce jusqu’à son décès, président d’honneur du club qui devient l’Usap le 5 mai 1933 de par la fusion de l’Usp et des Arlequins Club Perpignanais.

Jean Payra, une des pièces maîtresses lorsque le rugby a pris racine chez nous, connaît une fin tragique. Il décède en 1937 des suites d’un accident de voiture automobile.

Jo Soc de Lac.
 

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Potin de la semaine N° 13

 

1922-1923



 

Nous sommes au jour d’aujourd’hui en plein dans l’hégémonie de l’image toute puissante. En signant leur contrat professionnel, les joueurs signent d’ailleurs un paragraphe garantissant leur… droit à l’image. En gros, ils se gardent le droit de gratter quelques sous en misant sur leur minois. Ou leur plastique. C’est ce que fait l’(ex) Usapite Maxime Mermoz lorsqu’il exhibe ses pectoraux et ses abdominaux, moulé dans un sous-vêtement Dim sur nos écrans de Télé.

Mais ça n’a pas toujours été le cas tant l’amateurisme pur et dur (Hum ! Hum !... Toton, pourquoi tu tousses ?), tant l’amateurisme pur et dur, disais-je, régentait la vie du rugby de chez nous. Impitoyable pour ceux qui transgressaient la règle... Et pourtant, il me souvient que…

Que les portraits de Bernard Goutta et Frédéric Cermeno ont orné les flyers d’une marque de vêtements (Shilton) lors de l’inauguration de sa boutique à Perpignan, tout près de la Place de la République. Certainement pas le truc à regorger d’euros à passer en Suisse dans une valise à double fond. Mais vrai, même si discret. C’était au tout début des années 2000, me semble-t-il. Le professionnalisme faisait ses premiers pas.

Que le 14 décembre 1990, l’Usap a fait sa pub… Tournage d’une scène sur le rugby pour le Loto sportif. On creuse une tranchée dans la pelouse d’Aimé-Giral. On y installe une caméra. Deux packs face à face au-dessus et on filme l’entrée en mêlée. Les joueurs de l’Usap sont mis à contribution et tiennent le premier, leur premier (et tout dernier) rôle. En tant que figurants, ils ont été rémunérés. Pas grand-chose. Mais rémunérés toutefois. De quoi s’acheter une ration supplémentaire de cacahuètes à l’apéro.

Que dire en outre de cet entrefilet paru dans L’Indépendant du 7 novembre 1922 ?... A mon sens, il est juteux. « Perquè en el gran match diumenge, En Got va mostrar tan de foc ? Es que tenia dins la panxe Tres ou quatre veyres de Tog. »… En Català, si us plau. On ne se regrette rien. Le Tog étant une boisson apéritive. Got (Raoul), dit « Le boulet de canon », étant la vedette de l’époque, champion de France Militaires sur 100mts, champion de France de Première division (1921), international (13 sélections, 6 essais), premier vainqueur d’une équipe britannique dans le cadre du Tournoi, à l’extérieur qui plus est, en marquant deux essais lors de ce match (Irlande, le 3 avril 1920)… Oh, c’est vrai, il y avait déjà eu quelques publicités (des réclames, disait-on en ce temps-là) à peine déguisées dans les colonnes de L’Indépendant. Celle qui suit le Asp-Brive du 26 mars 1911 est succulente : « Savez-vous le secret de la victoire des « sang et or » sur la terrible équipe de Brive ? Eh bien ! Le voici. C’est que les champions catalans sont des gaillards peu ordinaires ; ils prennent la précaution, chaque jour, d’aller au Marché Couvert voir Jean-Claude Blanqué fils, boucher, qui leur fournit viande de 1er choix. » Superbe.

Mais le couplet sur Raoul Got est la toute première fois dans l’Histoire de notre rugby où le patronyme et le talent d’un joueur sont utilisés pour vanter les mérites d’un produit à commercialiser. D’une boisson apéritive en l’occurrence. A votre santé !

 

Jo Socdel'ac..............

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Potin de la semaine N° 12

 

1921-1922

L’Usap qui marque 90 points (et 14 essais) face à Guernica en Coupe Amlin, c’est énoooorme ! « Soirée carnaval », a titré L’Indépendant. Le truc à mettre la puce à l’oreille. Allez zou, fouillons les archives ! L’an (civil) 1922 tombe à pic.                               

Le 8 janvier, 1922, l’Usp s’en va à Chartres disputer le premier tour du Championnat de France, tour préliminaire d’habitude facile avant l’élaboration de poules de 3, puis de 5, plus coriaces. Le score, favorable aux nôtres, est sans appel : 17 essais à rien (69 à 0) face à l’Union Sport de Chartres. Six essais marqués entre les poteaux en première mi-temps ne sont pas transformés, ce qui dénote « un manque de buteurs », remarque le journaliste a minima... Etienne Cayrol et Roger Ramis finissent la partie au poste de piliers, et Edouard Manfrédi en troisième ligne alors que des avants vont opérer dans la ligne des trois-quarts. Le journaliste parle de « galéjade. » Là aussi, c’est le minimum.

Mais vous n’avez pas tout vu. Braves lecteurs, attendez-vous au pire. Il est à venir… Au terme du Championnat du Languedoc, 1922, cinq équipes sortent en Championnat de France. Carcassonne et l’Usp sont à égalité à la quatrième place. Un match de barrage doit les départager, pour déterminer le rang de sortie et les oppositions futures. Le match est programmé à Maraussan (Narbonne). Le 24 décembre, 1922… L’Usp semble se désintéresser de la rencontre et privilégier un Usp-Aviron bayonnais amical plus prestigieux programmé le 25 décembre à Perpignan. Elle délègue son équipe 2 à Narbonne. Le coup d’envoi est fixé à 14h, des prolongations étant possibles… Deux versions, côté catalan, s’affrontent. La première fait état d’un retard imputable à la Compagnie des Chemins de fer dans « la remise de la corbeille contenant les tenues de match des joueurs ». La seconde veut que les Catalans n’aient pas été avisés du changement d’horaire de 14h30 à 14h… Le fait est que les Catalans sont prêts pour 14h30 alors que quelques minutes plus tôt, « les Carcassonnais ont exécuté une traversée de terrain en faisant connaître que l’équipe catalane non présente sur le stade est forfait »... Le match se joue toutefois parce qu’un nombreux public est là et que l’on redoute des incidents en cas de match annulé. L’Usp l’emporte par 6 à 3. Commentaire, catalan : « Notre équipe réserve a joué la partie de sa vie. ».… Réclamation carcassonnaise. Dans la semaine, le match est invalidé (Perpignan déclaré non forfait, mais horaire irrégulier) par les autorités compétentes et à rejouer…Le 31 décembre, toujours 1922. Même lieu, même heure, on rejoue… Alors que leur équipe première dispute un match amical à Chalon-sur-Saône, les Carcassonnais délèguent à Narbonne une équipe fantaisiste. Le score final du match se passe de longs commentaires : 141 à 0 pour l’Usp. Vous avez bien lu : 141 à 0. C’est un record, « mondial », disent les archives de l’époque. Le quotidien « L’Auto » traite le sujet à sa Une : « Le Championnat du Languedoc, si fertile en événements sensationnels, vient de nous fournir un record incontestable : celui du record de points marqués en Championnat Première Série depuis… toujours. »… Le chroniqueur du « Méridional Sportif » va jusqu’à reproduire la fiche technique : 33 essais (à 3 points) de Vidal et Darné (6 chacun) Ramis et Got (5), Salinié (4), Parnaud et Ribère (2), Constant, Martin et Vaquer (1), plus 19 transformations de Salinié (13) et Ramis (6) et un drop-goal de Ramis. L’espace de répit le plus long (cinq minutes) se situe entre le cinquième et le sixième essais. Les Carcassonnais bénéficient de sept pénalités en cours de rencontre. Ils en tentent une, sans succès, à la 59ème minute… En ce temps-là, le préposé au tableau d’affichage passait des chiffres dans une glissière pour annoncer le score. Vous savez quoi ? Il n’a pas pu aller au-delà de 99. La glissière n’était pas assez large pour contenir trois chiffres. Et puis, il était ex-té-nu-é ! On l’a… conduit vers l’hôpital le plus proche et mis sous perfusion illico. Le pôôôvre de lui!

 



Jo Socdel'ac..............

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Le potin de la semaine N° 11

1920-1921

 

L’Us.Perpignan a son siège au café de la Poste, au pied du Castillet... Le 3 septembre 1920, les dirigeants mettent les entraînements en place et lancent la première convocation : « Les joueurs qui possèdent un équipement personnel sont invités à le porter. Etant donné le grand nombre d’inscrits, il ne sera pas possible, pour le moment d’équiper tout le monde. » Ah ! Encore et toujours le problème de matériel. Problème récurrent. Surtout au sortir de la Guerre où « tout manque. »… Une soixantaine de joueurs participe(nt) au premier galop le 5 septembre 1920… Deuxième séance le 12 septembre 1920. Il est alors dit qu’un «  appel sera fait sur le terrain et tous les équipiers désirant pratiquer cette saison dans une des quatre équipes devront y répondre. » J’en fais une déduction logique (?) : l’Usp ne regorge pas de finances florissantes mais abonde en joueurs (de qualité). D’ailleurs le 6 mai 1921, l’Usp fait une proposition : « Les personnes désirant acheter l’herbe des terrains de sport de l’Usp sont priées d’adresser leur demande pour chacun des terrains. (Mi-Vernet et route de Thuir)» Vendre les foins lorsque l’on tond la pelouse des stades est maintenant devenu une habitude. Il n’y a pas de petits profits. Dès lors, le matériel existant est plus que chouchouté. Voyez un peu… Le 24 mai 1921, fin de saison, l’Usp fait ses comptes et tance « Messieurs les équipiers encore possesseurs des effets de football sont priés de les rapporter au vestiaire s’ils ne veulent pas s’attirer des mesures coercitives. » Fichtre ! Aie, aïe, aïe !!

Mais revenons au tout début de la saison neuve. Quelles sont les « innovations innovantes » (Pardonnez-moi) ?... Le 22 septembre 1920, l’Usp décide « d’assurer contre les accidents les joueurs composant ses équipes ainsi que le fait la presque totalité des clubs affiliés à l’Usfsa. (La Ffr de l’époque) » Que voilà une bonne chose !... Le 11 octobre 1920, la Fédération française de rugby est officiellement créée. Que voilà une seconde bonne chose !… Le 21 novembre 1920, après Narbonne-Usp, (Mais est-ce « une innovation innovante » ? Oui après tout dans la mesure où c’est la première fois qu’apparaît une telle dispute.) deux membres du club (G.Brutus et F.Deixone) se querellent à la porte des vestiaires. Que voilà une première mauvaise chose ! Heureusement, quelques jours plus tard : « A la suite de l’incident très regrettable survenu dimanche dernier, les deux sportmen, accompagnés chacun de deux témoins, se sont réunis et, d’un commun accord, ont reconnu que l’accusation portée par l’un d’eux tombe d’elle-même. » Une accusation ? On ne sait pas laquelle. Dommage ! Elle aurait peut-être été croustillante… Les 28 février et 1er mars 1921, M.Font projette sur l’écran du cinéma Castillet les images qu’il a filmées lors de Usp-Olympique de Paris joué le 21. La projection obtient un très gros succès. C’est à ma connaissance la première expérience dans le genre, chez nous tout au moins. Que voilà une troisième bonne chose ! Elle sera renouvelée. M.Font organise une projection de la finale du Championnat de France (Usp 5 – Stade toulousain 0) dans la semaine qui suit le match victorieux (pour les Catalans). Mais constatons que la domination de l’image sur la vie de tous les jours est lancée. Est-ce une bonne chose ?... En cours de saison, les mutilés élèvent la voix. Les mutilés ? Ceux qui ont eu la chance de revenir vivants de la Première Guerre Mondiale mais y ont laissé une partie de leur intégrité physique. On leur accorde un demi-tarif sur présentation de leur carte lors des matchs amicaux. Par contre, ils payent plein tarif lors des matchs officiels. Ils disent avoir droit à plus d’égards. N’ont-ils pas servi la France ?

Et la saison va son train. Jusqu’au titre de champion de France le 17 avril 1921. Grâce à un essai de Fernand Duron… La Fédération française de rugby a été créée le 11 octobre 1920… Qui est le premier champion Ffr ?... Youpi, c’est nous ! Allez l’Us(a)p !




 


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Potin No 10

1919-1920

 

Petit retour en arrière, sur le dernier potin de juin 2012… C’est la fin de la guerre 14-18. Le Stade olympien Perpignanais (le Sop de Gilbert Brutus) et l’Association sportive perpignanaise (l’Asp de Félix Barbe, Aimé Giral…) se trouvent décimés et décident d’unir leurs forces. Le mariage (de raison) (peut-être y avait-il un peu d’amour aussi) a lieu le 15 mai 1919. Perpignan a de nouveau un grand club, l’Union sportive perpignanaise… Le 6 septembre 1919, « l’aménagement du terrain – de la route de Thuir – se poursuit en sorte que Perpignan sera doté d’un véritable stadium muni de tout le confort et où seront à l’aise et joueurs et spectateurs. », écrit L’Indépendant. Youpi ! Perpignan a un grand club qui évoluera sur un grand stade. Pourvu que nous ayons aussi une grande équipe.

Facile à comprendre. A grande équipe, il faut un grand entraîneur. L’Usp se creuse la tête pour dénicher l’oiseau rare. Le 6 septembre 1919, un communiqué tape les trois coups de la campagne toute neuve alors que les clubs ne regorgent vraiment pas de moyens techniques exceptionnels: « C’est demain que s’ouvre à l’Usp l’entraînement individuel. Plusieurs ballons sont à la disposition des joueurs. » Plusieurs ballons ! Et on en est fier. Très fier. Pas de gros moyens à l’époque. Pas de mécènes. Pas de partenaires. Pas de sponsors. Ce sont des mots que l’on ne connaît pas alors. Ballons, maillots, shorts et chaussettes sont achetés après adjudication au commerçant local le moins disant. Plusieurs ballons, c’est du luxe. Du super luxe… C’est en fait le 14 (septembre) que l’entraînement reprend. Il est mené par Maurice Mac Cay. Voilà l’oiseau rare.

D’abord annoncé « célébrité du rugby anglais » puis « international gallois », enfin « écossais » (Ah les Catalans et leur goût pour la rigueur géographique !), le… Britannique prend une première décision : il refuse que ses équipes s’entraînent sur le stade du Vernet, celui du l’ex Sop (pour cause d’améliorations à apporter) et exige un repli sur le stade de la route de Thuir, celui de l’ex Asp, mieux structuré. Sopiste dans l’âme, Gilbert Brutus avale pourtant une couleuvre pour le plus grand bien du rugby perpignanais. Il encaisse le coup et se tait.

Mais voyons ! Qui est au juste Maurice Mac Kay ?... Il a joué 15 ans au rugby et est international écossais. Il jouait ailier ou troisième ligne aile. Il a été entraîneur de la Northern Union, deux fois détentrice de la Coupe de la Rugby Union et vainqueur des All Blacks. Diable, le bougre présente des garanties. Il fait l’affaire. Il faut le loger.… Le Comité de l’Usp fait paraître un communiqué : « Par suite de la crise du logement, le Comité de l’Usp serait heureux que ses amis lui signalent un logement pour notre hôte. » A chaque époque, sa crise. Bien, mais… Maurice Mac Kay, pour lequel Perpignan se met en quatre, disparaît le 12 octobre 1919 pour aller au chevet de son épouse, malade en Ecosse. Il ne reviendra plus. Il a dû préférer le whisky des Highlands au Muscat de Rivesaltes. Mais non, mais non, mais non. La santé de sa gente dame. Oui, c’est ça ! Mais personne ne le sait pour sûr.

Le 28 octobre, Gaston Lacourt devient le patron des seniors de l’Usp. Début janvier 1920, Fernand Vaquer lui vient à l’aide et met les mains dans le moteur de l’entraînement. Elles y resteront longtemps. Longtemps.
 

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Le potin de la semaine 25    No9
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1918 - 1919

 

La paix est signée. La Première Guerre Mondiale s’est enfin achevée.

C’est le moment des honneurs… Le 27 octobre 1918, au cours du banquet qui suit France-Nouvelle Zélande, un vibrant hommage est rendu à l’Asp, dernier champion de France : «M.Jules Pams, ministre de l’Intérieur, en quelques paroles empreintes d’une grande émotion, évoque le souvenir de ceux qui sont tombés, notamment de ceux qui appartenaient (…) au club perpignanais qu’il préside. »… Le 11 décembre au premier étage du Café des Sports à Perpignan, le président affirme la renaissance des Sang et Or. Avant de se séparer, sur proposition de Marcel Laborde, l’assemblée vote l’inscription de la motion suivante au procès-verbal : « L’Asp, réunie pour la première fois depuis quatre ans de guerre, salue ses morts et fait serment de perpétuer leur souvenir. »… Le 2 mars 1919, se déroule « la Fête du Souvenir et de la Résurrection de l’Asp » sur le terrain de la route de Thuir. Un hommage solennel est rendu aux morts pour la Patrie en matinée. On en profite pour inaugurer la stèle que le club a fait graver pour honorer ses morts. Regrets : l’inauguration se déroule le matin et il y a peu de monde. Quelques-uns s’en offusquent. Nos morts méritaient mieux… Le match se joue dans l’après-midi : Survivants de l’Asp renforcés par des jeunes contre une Sélection française. Le 5 mars, a lieu le match revanche. On connaît à ce moment-là la composition de l’équipe de l’Asp : Carbonne : Serre, Barbe, Adrien Maydat, Got : (o) Lacarra, (m) Barande : Molinier, Casademont, Paillissé : Vergés, Constant : Baron, Cartou, Nauté. L’Asp remporte les deux matchs : 7 (2 essais et 1 transformation) à 5 pour le premier ; 11 (3 essais et 1 transformation) à 5 pour le second alors que la Sélection est forte de onze internationaux. Les deux matchs attirent la foule des grands jours. On s’en réjouit : « La guerre n’a pas tué l’amour du football à Perpignan. »

C’est aussi le moment où les deux clubs de Perpignan comptent leurs forces vives. La guerre a fait des coupes claires dans leurs rangs. C’est une évidence… Le 3 janvier 1919 pour la première fois, une possible fusion Asp-Sop est évoquée. Prenant exemple sur deux sociétés artistiques qui ont fusionné, « un membre honoraire des sociétés énoncées » souhaite la réunion des deux clubs de footbal-rugby… Le 2 mai est un vendredi. MM Brutus, Rabat et Rives pour le Sop, Barbe, Frances et Payra pour l’Asp se rencontrent pour évoquer l’éventualité d’une fusion… Le 5 mai est un lundi. Les six représentants des deux clubs perpignanais se rencontrent à nouveau après avoir consulté leurs amis respectifs. La fusion est clairement envisagée. Les deux clubs veulent imposer leur nom. Ils font des concessions pour éviter le blocage des négociations. On pense à Stade Perpignanais. On opte pour Union Sportive Perpignanaise… Le nouveau club s’entraînera sur le stade du Vernet (Sop) et jouera sur le stade de la route de Thuir (Asp), mieux aménagé. Il adopte le maillot bleu ciel (du Sop), les shorts blancs avec parement sang et or et des chaussettes rouges. Les joueurs porteront le blason sang et or sur le cœur. La Commission de rugby est composée de quatre membres : Auradou, Barbe, Brutus et Fabre… Le 15 mai est un jeudi. L’acte de fusion des deux clubs est officiellement signé dans la Salle des mariages de la mairie de Perpignan. La cérémonie est empreinte de solennité mais surtout de simplicité. Certains s’en étonnent, qui auraient aimé quelque chose de plus fastueux. Jules Chevalier est élu président par acclamation. Une décision est prise : l’Asp a déjà fait graver les noms de ses morts pour la France dans le marbre et ériger une stèle. Une seconde stèle sera édifiée. Elle regroupera les défunts des deux clubs. Voilà pourquoi il y a deux stèles aujourd’hui encore à l’entrée du stade Aimé-Giral.

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Potin No 8 Semaine 24

1917-1918

 

A la reprise, lors de l’automne 1917, on trouve trace de beaucoup de clubs dans les Albères : Eclair Sorédien, Diables noirs andréens, Laroque des Albères, Argelés… Perpignan n’est pas mal loti non plus : le Sop, Arlequins club (première apparition au Café de la Poste), le Rugby Club, le Racing club, le Stadoceste. Mention est faite d’une équipe qui reprend l’entraînement le 23 septembre sur « la belle pelouse de la route de Thuir. » Laquelle ???

Début mars, le Crep, le Comité roussillonnais d’entraînement physique, est créé. Il est présenté comme étant une « Société de relèvement de la race par le sport. » Le but est de voir « garçons et filles, jeunes et vieux venir, loin de tous soucis, emplir leurs poumons et détendre leurs muscles. » Tiens ! Est-ce que ce n’est pas cette idée que reprendra le Gouvernement de Vichy ? Le sport pour le sport et rien d’autre. Elle est au moins similaire.

Le 3 février 1918, se joue Probables du Roussillon contre Possibles du Roussillon, sur le terrain du Vernet. Celui du Sop. Les Probables l’emportent 14 à 0. Pas de compte-rendu. On connaît par contre la composition des deux équipes en présence. Les Probables : Nougal : Pontramon, Ramis, Martinol, Pujol : (o) Pacouil, (m) Sicart : Laroche, Drouillet, Charley (cap) : Martins, Molinsqui : Gonzaga, Juanole, Vinyas. Les Possibles : Ferrer : Olive, Déjean, Bataille, Baron : (o) Constant 1, (m) Marcoris : Codine (cap), Saguy, Constant 2 : Cabané, Farines : Sazurque, Sournia, Puig… On trouve un Ramis, un Déjean, un Sicart et deux Constant. On n’a pas la culture du prénom en ce temps-là, on accole les chiffres 1 ou 2 quand il y a homonymie. Mais les âges peuvent-ils correspondre ? Peut-être donc les premiers pas de Roger Ramis, Paul Déjean, Noël Sicart et/ou Georges Constant. Après vérifications, c’est jouable pour Noël Sicart et Georges Constant qui sont dans leur 18/19 ans ; fort improbable pour Roger Ramis qui flirte avec les 4/5 ans, même s’il a été un joueur précoce ; impossible pour Paul Déjean qui n’est pas encore né.

On trouve la présence d’un autre Constant dans les archives. Sans mention du prénom, une fois encore… Le 26 avril, paraît enfin une annonce d’une réunion sportive (la toute première) qui ne concerne pas le rugby, omniprésent jusqu’ici. Dans le style « Du rugby, rien que du rugby », on ne peut pas faire mieux. On annonce donc de la lutte libre et du catch à l’Eldorado (Ndla : une salle de spectacles perpignanaise) Constant, « le marin champion du monde » lance un défi aux amateurs. Deux réflexions… Ce genre de défis n’était pas rare. Un « champion » ou « quelqu’un se prenant pour un champion » pouvait défier X ou Y par voie de Presse. Surtout en courses, cycliste ou pédestre, sur longue distance principalement. Le public aimait bien ça. Il y avait parfois un billet en jeu, pour donner du piment et du sérieux à l’opération… Ce Constant ne peut pas être Georges Constant. « La Juve » (à prononcer « La Joube » ? Mais pourquoi donc l’aurait-on féminisé ?) sur un ring, je n’ai jamais entendu parler d’un truc pareil. Et puis le nôtre n’avait rien d’un marin. Même s’il savait naviguer dans les défenses adverses sur un terrain de rugby, un ballon au bout des doigts, pour planter quelques beaux essais.

Une bizarrerie linguistique pour finir…Le 6 avril, « les fermiers du terrain du Sop préviennent le public que l’accès est formellement interdit sous peine d’amende. » Des jeunes devaient sauter les grilles pour s’ébattre. Les fermiers ? Certainement les braves gens qui s’occupaient de l’entretien de la pelouse. Comme Bernard Goutta le faisait à la Mairie de Perpignan du temps où il veillait sur la bonne santé du gazon d’Aimé-Giral. Mais je vois mal Bernard Goutta postuler pour la retraite octroyée par le Ministère de l’Agriculture. Bernard Goutta fermier ? N’im-por-te- quoi !



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Le POTIN n°7
1916-1917

 

Les clubs foisonnent. Des noms apparaissent : Canohés, Cerbère, Céret, Claira, Pia, Pollestres, Ponteilla, Salces, Thuir. Le Rugby club et le Trèfle sportif sur Perpignan, qui s’ajoutent aux anciens… Cerbère, Céret, les Green Devils, Thuir, Sop 2 et les White Devils 2 disputent un Championnat du Roussillon remporté par les White Devils.

Des curiosités… Le prix des places : « Prix habituels, impôt de guerre en sus. » Ah oui, c’est la guerre !… Le 18 février, le Sop 2 se déplace avec « dix équipiers seconds et deux remplaçants, joue à douze et dans l’eau » et bat le Céret sportif 8 à 0. Ah !?!.

Se déroulent aussi des matchs d’envergure… Le 25 février, finale de la Coupe de l’Espérance sur le stade du Vernet, entre le Sop et les White Jumpers de Narbonne (les Green Devils, l’As.Béziers et le Club Olympique de Carcassonne ont participé à cette compétition). Vous vous rappelez ? C’est le Championnat du Languedoc. Le score est vierge à la fin du temps réglementaire. Le Sop est déclaré champion (au meilleur classement final après cumul de toutes les rencontres). La partie est qualifiée de « dure » et le public de « nombreux ». Comme la saison avant, le vainqueur se trouve qualifié pour le Championnat de France… Le 1er avril (Pas de blague !), le Sop et le Stade toulousain disputent « la demi-finale du Championnat de France ». Les Toulousains l’emportent 6 à 0. « La partie, très disputée, se déroule devant un nombreux public et sur un terrain bourbeux. » Bourbeux ! Est-ce qu’on utiliserait ce terme de nos jours ? Certes non ! On parlerait plutôt de terrain gras, boueux, voire de cour de ferme. Mais bourbeux, non ! Pourtant « bourbeux » est beau et devait être de mode à l’époque… Le 11 février, se joue un match de sélection entre Possibles-Sud et Probables-Sud en vue de la formation de l’équipe qui « jouera le grand match Nord-Sud à Toulouse le 11 mars ». Six joueurs du Sop et des Green Devils sont retenus. Lesquels ? On ne nous le dit pas. Dommage ! Le match Nord-Sud a bien lieu. Sûr, mais on ne sait pas si des Catalans sont retenus. Dommage bis !

Il y a aussi des matchs de propagande qui débouchent sur des commentaires surprenants. Vous en voulez un ? D’accord. D’abord, bouchez-vous le nez. C’est fait ?... Le 25 mars, première apparition sur les archives du Sporting club Claira. Très peu de noms sont cités lors des autres rencontres tout au long de la saison. Pratiquement aucun. Trois autres en fait : Bicens, Cartou et Maydat des Green Devils. Etonnamment, le capitaine de la Sélection universitaire qui vient défier Claira sur son stade est signalé… Lacrotte. Aïe ! Le truc dur à porter. Très certainement un clin d’œil du journaliste dans ces temps de guerre. Vous imaginez s’il avait été noble ? Lacrotte de Nez. Hi hi hi ! Faut bien rire un peu.

Et puis, et puis, et puis… Le 6 janvier, dans les colonnes de « L’Indépendant », Emmanuel Brousse, député, s’émeut. Ses mots (laids) ?… « La guerre avait semblé éteindre la pression du football qui avait secoué pendant plusieurs années la population des Pyrénées Orientales. Quand les hostilités éclatèrent, l’Asp avait fait triompher, quelques semaines avant, les couleurs catalanes (…) Sous prétexte de préparation, d’entraînement des futurs conscrits, les parties de football ont repris (…) Bien que partisan convaincu des exercices physiques, nous ne pouvons nous empêcher de regretter que ceux-ci soient uniquement concentrés sur le footbal-rugby. (…) Depuis deux ans nos soldats sont stabilisés dans les tranchées. (…) Une seule chose est essentielle pour eux s’ils veulent avoir raison de l’ennemi : le TIR. (…) Il y va du salut du pays et de la vie de nos enfants auxquels nous crions impérieusement ce conseil : moins de football, faites du tir. »… Vous appréciez ?


Jo Socdelac.

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Le potin de la semaine No6

 

1915-1916

 

C’est la Grande Guerre. Six Aspeïstes, champions de France 1914, sont déjà morts pour la France. Deux autres vont suivre en ce qui aurait dû être la saison 1915-1916 de rugby : Joseph Couffe le 30 septembre 1915 à Massiges (Marne) et Jean Laffon (dirigeant) le 2 juillet 1916 à Cerisy-Gailly (Somme). Tous les corps seront rapatriés et ré-enterrés chez nous. Tous sauf celui de Joseph Couffe qui repose à Main de Massiges.

Vous vous rappelez ? Pas une ligne concernant le sport, pas une seule, dans les pages de L’Indépendant la saison précédente. Le rugby y réapparaît mardi 19 octobre 1915. Quatre lignes, quatre, font mention d’un match joué entre l’Aviron Sportif Perpignanais et les Green Devils Perpignanais… Les Green Devils sont les jeunes de l’Asp, qui ont changé le nom de leur club par respect pour leurs aînés mobilisés qui combattent sur le Front… A partir de là, les communiqués vont être plus nombreux mais toujours aussi laconiques.

Le 27 février 1916, un match entre les Green Devils et le Sop, sur le « terrain du Vernet » est présenté comme étant la « finale de la Coupe de l’Espérance. ». Le titre est attribué au premier de poule. Si le Sop est battu, les Green Devils sont champions. Si le Sop l’emporte, le Championnat est à recommencer, les quatre équipes (Green Devils, Sop, Carcassonne, Béziers) étant ex-aequo. Le public est dit « nombreux ». Les Green Devils gagnent 11 à 0 (3 essais et 1 transformation à rien). Commentaire : « Les Green Devils, bien qu’ayant une mêlée défectueuse qui ne sortait pas souvent le ballon, ont enlevé le titre. » Ce titre est qualificatif pour ce qui est présenté comme un Championnat de France.

Le 19 mars1916, en Championnat de France Première Série sur « le stade de la route de Thuir », les Green Devils (champions du Languedoc) battent Toulon (champion du Littoral) 11 à 0 (3 essais et 1 transformation à rien)… Le 2 avril toujours 1916, le match est annoncé comme étant « la demi-finale du championnat de France ». Il se joue à Toulouse aux Ponts-Jumeaux. Le Stade toulousain (champion des Pyrénées) bat les Green Devils 24 à 0… L’Usfsa permet aux clubs champions de prendre des joueurs autres que les leurs, dans leur région d’origine. Deux Narbonnais sont retenus dans l’équipe des Green Devils : Rouffia à l’aile et Crémails en seconde ligne. On connaît la composition de l’équipe : Cayrol : Manalt, Maydat jeune (cap), Farines, Rouffia : (o) Carlos, (m) Battle : Maydat aîné, Marmayou, Villeroge : Crémails, Figueras : Mas, Roux, Bru… Le capitaine catalan est blessé en première mi-temps. Les Toulousains inscrivent six essais dont cinq en seconde période quand leur supériorité (numérique) est écrasante, plus une transformation et un drop goal.

Une autre compétition se déroule… Le 16 avril, on joue la finale du Championnat du Roussillon réservé aux équipes qui ne disputent pas la Coupe de l’Espérance : White Devils, Collioure, Sop 2, Torreilles, Saint Laurent de la Salanque… Le match ultime oppose le Sop 2 aux White Devils. La partie est dite « acharnée » et nécessite le recours aux prolongations. Le Sop 2 s’impose finalement 3 à 0 et enlève le titre… D’autres équipes participent à des matchs amicaux : Elne, Saleilles, Alenya, Salses, Stade roussillonnais… Le rugby est de retour.

Et on fait ça sérieusement…Le vendredi 31 décembre 1915, le Stade Roussillonnais fait publier un communiqué quelque peu surprenant : «  Réunion au Café Notre Dame. Tout membre absent sera radié de la Société. » Ouille !... Le 3 février 1916, nouveau communiqué catégorique. Il émane du Rugby Club Perpignanais cette fois. « Les équipiers 2 sont priés d’assister à la réunion qui aura lieu ce soir à huit heures et quart au siège social. Tout membre absent sera passible d’amende ». Oy-Oy !... On ne badine pas avec le règlement. Et si on faisait pareil pour les réunions de l’Académie Jean-Michel Canet ?!?

Jo Socdelac.

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Le Potin de la semaine 17

 

*

(1911)

 

La ville de Perpignan possède plusieurs clubs de rugby. De rugby ? Pas tout à fait. De « football-rugby », dit-on en ce temps-là, l’autre sport, celui dédié au ballon rond, étant « le football association ». La ville de Perpignan possède plusieurs clubs de footbal-rugby, disions-nous donc, ce qui fait que pratiquement chacun des gros quartiers de la ville a son équipe. Mais il est acquis que l’As.Perpignan est le club le plus prospère, celui qui draine le plus de monde. Le plus ancien aussi. Fondé qu’il a été le 26 janvier 1902.

L’Asp joue sur le « stade de la route de Thuir ». Locataire de son terrain, elle en rétrocède de temps à autre l’usage pour l’organisation de manifestations sportives autres que footballo-rugbystiques. Les compétitions d’athlétisme n’y sont pas rares. Il y est même, une fois, mis sur pied un concours hippique. S’il y a eu du crottin, tant mieux, ça a engraissé le gazon !

Le 17 janvier 1911, c’est l’aviation qui veut avoir la vedette. Oh, ne souriez pas ! L’avion est loin d’être ce moyen de transport somme toute banal que l’on utilise très/trop communément à notre époque. En ce jour de janvier 1911, les aviateurs sont encore des pionniers et un aéronef n’a toujours pas touché le sol de nos terres catalanes. Peut-être en a-t-on vu glisser dans nos cieux bleu azur. Peut-être !

Et ne voilà-t-il pas qu’un pilote nommé Gibert se pique de vouloir faire une démonstration d’évolutions aériennes au-dessus des têtes de nos ancêtres catalans. Il vient d’Albi. Son avion voyage en train jusqu’à Perpignan. Le terrain d’envol et d’atterrissage est choisi. Ce sera le terrain de la route de Thuir. Celui de l’Asp.

La Presse locale se fait l’écho de la tentative. Dès lors l’initiative se transforme en événement. La foule accourt route de Thuir pour être le témoin de cette grande première. Les archives en évaluent le nombre à la dizaine de milliers. Il y a du monde partout. Les tribunes sont pleines. Les Pelouses sont prises d’assaut. Les murs sont noirs (de supporteurs enthousiastes). Les arbres alentour forment des grappes humaines… Tout est prêt. Gibert prend place dans son avion. Le décollage se fait sans la moindre encombre. La performance est convaincante ; le public conquis, la réussite totale… Sauf que ! Sauf que l’atterrissage pose (un petit ?) problème. La piste s’avère trop/très courte au moment de poser l’avion. Gibert n’a pas suffisamment d’espace pour bloquer son engin et va percuter la barrière derrière laquelle se sont agglutinés nombre de spectateurs et spectatrices. Qui, aussi surpris qu’effrayés, femmes le cheveu en bataille et remontant leurs robes à froufrous pour courir plus à l’aise, hommes moustaches au vent et tenant leurs chapeaux de leurs cannes dernier chic pour éviter le choc sans décoiffer leurs chefs, s’égaillent dans la nature en pendant leurs jambes à leurs cous, tout comme la volaille s’affole lorsque le renard affamé se faufile dans le poulailler. Vous visualisez la scène-sauve-qui-peut ?... Mais plus de peur que de mal. L’Indépendant signale qu’aucun blessé sérieux n’est à déplorer. Peu en fait, si l’on prend en compte quelques gentes dames tombées en pâmoison. Vite revigorées d’ailleurs par moult jolis cœurs tout heureux de ressusciter dans leurs bras langoureux ces beautés catalanes momentanément défaillantes… C’est bien connu, quelles que soient les circonstances, il y a toujours des profiteurs ! Oh les fripouilles !

 

Jo Socdelac.

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Le Potin de la semaine. 18

No2.

***************

1911-19122

 

Le constat n’est pas rare… En ce temps-là, une fois la saison de rugby terminée, nombreux sont les joueurs de rugby à s’adonner à l’athlétisme. Les chevaux légers dans les courses et sauts. Normal ! Les gros dans les lancers. Logique ! Il est toutefois des curiosités athlétiques qui ne se pratiquent plus de nos jours : les sauts (en hauteur et en longueur) sans élan. Essayez donc ! Pas facile. Les performances s’amenuisent dès que le départ n’est pas lancé. Somme toute compréhensible.

En ce 9 juillet 1911, se disputent les Championnats du Roussillon d’athlétisme sur « le stade de la route de Thuir. » Les tout premiers !...

Les athlètes de l’As.Perpignan raflent tous les titres. Tous !

Manfrédi (poids, 10m et disque, 32,50m : record du Languedoc),

De Paris (saut en longueur sans élan, 3m et 100m, 12s),

Saillens (1.500m, 4 minutes 38),

Roig (saut en hauteur avec élan, 1m60 ; saut en hauteur sans élan,1m32 ; 110m haies,

18s ; saut en longueur avec élan, 6m26),

Farail (800m, performance inconnue),

Codine (400m, 56s)… Manfrédi,

Saillens et Codine sont joueurs de rugby patentés.

Il en est un autre, lui aussi athlète champion, qui a commencé à tâter de la balle ovale dans les rangs du Collège de Perpignan, grand pourvoyeur de talents rugbystiques, et dans ceux de l’équipe 2 de l’Asp dont il est le capitaine.

Aimé Giral est le tout premier champion du Roussillon au saut à la perche avec un saut de… 2m83. Oh, ne souriez pas ! Certes la performance n’a pas de quoi passer à la postérité mais le garçon, né le 8 août 1895, est d’une part très jeune et d’autre part les perches ne sont pas ce qu’elles sont devenues de nos jours, des engins de propulsion…

Le jour est dès lors historique : Aimé Giral fait son entrée dans la légende du sport de chez nous… On ne sait pas encore le fabuleux destin que cet ado connaîtra par la suite.

Le 1er novembre 1911, ce jeune joueur (16 ans, 3 mois et 24 jours) dispute son premier match en équipe fanion de l’Asp en amical contre Brive « devant un public nombreux et fleuri, fleuri de gentes sportmen, néophytes pour la plupart, qui forment la précieuse et élégante bordure du tapis vert », (L’Indépendant).

Quel lyrisme chez les journalistes de ce temps ! ...

Il entre en début de seconde mi-temps. Commentaire d’époque de Plein Champ (véridique !), le chroniqueur sportif en vogue : « L’ouverture Aimé Giral déplace (le jeu) avec une précision mathématique. (…) Il nous fait regretter sa fragilité et sa jeunesse car sa conception est scientifique au possible. » Scientifique !…

Plus tard, le 3 mai 1914, du bord de touche, il brosse la transformation qui fait de l’Asp le champion de France d’Excellence (Première division) et devient un héros.

Nous sommes au jour d’aujourd’hui le 1er mai 2012…

Dans quelques heures, le 3 mai à 17h, à l’initiative d’Hélène Legrais (membre de l’Académie Jean-Michel Canet, qui a écrit un roman avec Aimé Giral pour personnage central : « Les héros perdus de Gabrielle », prix Méditerranée-Roussillon 2012), à l’initiative d’Hélène Legrais disions-nous donc, une plaque commémorative sera dévoilée, 10 rue Grande La Réal à Perpignan pour signaler la maison natale d’Aimé Giral à ses nombreux admirateurs. Elle est placée, cette plaque, à… 2m83 (ou peu s’en faut) de la dernière marque qu’Aimé Giral avait l’habitude de tracer sur la façade de son logis pour matérialiser la progression de sa taille. 2m83 ! Comme quand il a franchi la barre, aidé d’une perche, le 9 juillet 1911. La vie a des trucs superbement beaux !

 

(D’après des renseignements retrouvés après avoir consulté la collection L’Indépendant aux Archives de la Ville de Perpignan où le meilleur accueil vous serait réservé au cas où vous en auriez besoin.)

 

Jo Soc de Lac.
 

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Le potin de la semaine 19

 

1912-1913

 

C’est l’époque où Perpignan s’amuse. Des petits plaisirs simples dans un entrain et un enthousiasme qui débordent de sympathie et de bonne humeur.

Les fêtes du Carnaval s’inscrivent dans ce registre. Elles durent rituellement sur trois semaines avec élection de la reine et de deux dauphines que l’on promène sur un char tout au long des corsos (fleuris). C’est un grand moment dans la vie perpignanaise. Un moment attendu… Par les gens des villages alentour itou, qui viennent par cars ou trains bondés vers la capitale du Pays catalan, festoyer et oublier la semaine de dur labeur… Grimés et déguisés, à l’abri derrière un masque qui assure (presque) l’anonymat, jeunes et moins jeunes sillonnent alors les rues à la recherche de personnes connues (souvent le prof pour les potaches, ou le patron pour les ouvriers, voire la nana convoitée pour les jeunes hommes encore boutonneux), personnes connues que l’on pourra à loisir mettre en boite sans courir quasiment le moindre risque puisque l’on est caché. « Je te connais ! » lance-t-on à la victime incrédule et surprise qui avale illico des tonnes de confetti qui se glissent aussi sous les vêtements, confetti que l’on ramène jusqu’au logis au grand dam de la maîtresse de maison qui doit redoubler d’ardeur munie de son balai pour effacer tout ça… Les filles ! Ah les filles ! Le nombre d’attaques (comme le nombre de danses demandées et accordées dans les bals du dimanche après-midi) est proportionnel à leur degré de beauté. Mais comme dans l’appréciation de la beauté, tout est relatif, tout est subjectif, elles ont toutes droit à leur ration de chahut. Tout reste pourtant du domaine du gestuellement correct. Ou peu s’en faut. Il y a bien de temps à autre quelques débordements. Mais rares… Attention toutefois à ne pas se faire débusquer. La volée de bois vert peut être terrible de retour au Bahut, au boulot ou au bal du dimanche suivant. Prudence de rigueur. Et demeurons dans une retenue bon enfant. Dans la norme. Et rions ! C’est d’ailleurs le but de l’opération, n’est-ce pas ?

En ce 11 janvier (à 8h du soir, disent les archives), débute le Carnaval de 1913. Le début, c’est le moment où l’on découvre les chars gardés au secret des semaines durant... La première cavalcade est source d’étonnement admiratif. Obligatoire ! Les « Oh ! » le disputent aux « Ah ! ». Invariablement, les chars du millésime sont beaux, beaucoup plus beaux, que ceux de l’année avant. Obligé !… Le plus apprécié, de ces chars, promène rituellement le roi des festivités. Cette année 1913, le Roi a été conçu et réalisé par Han Coll, artiste local qui se taille une belle renommée en ce début du 20è siècle. L’artiste a redoublé d’efforts et surtout de talent. Le Comité des fêtes, c’est la coutume, a dû trouver un nom à ce monarque éphémère, brûlé, comme il se doit, sur les rives de la Basse au terme des réjouissances. Tradition respectée le 6 de février… Il y a souvent « 1er » accolé à ce nom, un nom tout aussi souvent appelé à faire sourire : « Ben Cagat », « No hi toquis », « Ben Foutout », « Cap de Xaï », « Toque manetes » auraient pu faire l’affaire… Que nenni ! Le choix fut plus subtil. Bien plus révélateur semble-t-il. C’est « Rugby 19 » qui fit l’unanimité. 19 parce que c’était la 19è édition. Rien d’original en cela. « Rugby » parce que le choix, loin d’être anecdotique, montrait aux yeux de tous la part capitalement prépondérante que le ballon ovale avait pris dans l’esprit du tout Perpignan bien pensant… Youpi ! Le rugby était (devenu) le sport-roi. C’est le Carnaval 1913 qui le dit… Nul n’a trouvé, ni avant ni après, des « Cyclisme 18 » ou « Football 20 », voire des « Boxe 17 » ou « Tennis 21 ». Quant à « Basket 22 », n’y pensons pas… « Rugby 19 », oui ! En janvier 1913 !

 

 

Jo Soc de Lac.

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Le Potin de la semaine 20

 

1913-1914

 

En ce dimanche (demeuré inoubliable) 3 mai de 1914, les joueurs de l’As.Perpignan

disputent la finale du Championnat de France Excellence (Première division) en maillots

rouges à parements jaunes et les Tarbais en maillots blancs. A l’entrée sur le terrain, l’Asp est

huée par la majorité du public alors que les Tarbais sont frénétiquement applaudis.

Dans «LeCri Catalan» du samedi 9 mai 1914, Albert Bausil, le directeur de l’hebdomadaire,

parle « des ordures jetées sur nous par les vaincus inconsolés », « de cette réception

(affreuse, Ndlr) des Ponts-Jumeaux » et du « spectacle navrant de leurs tribunes » qu’il

accuse de ne point avoir respecté une attitude neutre. …

Pourquoi donc ? Ah oui !

L’Asp a battu les Toulousains en (vraie-fausse) demi-finale quelques jours plus tôt. Ceci explique sans doute cela. Sans l’excuser toutefois…

Et pourtant, au beau milieu de ces vociférations hostiles et de ces comportements ennemis, Félix Barbe et ses copains enlèvent, de peu de points (8 à 7) mais de haute lutte (en fin de match), le premier Bouclier de Brennus de leur club.

Le protocole retient les champions de France sur Toulouse, lieu de la finale, pour la

réception d’après match au Grand Hôtel, le dimanche en soirée. Une soirée superbe ! Il n’y

a qu’un hic. Un seul… A 11h du soir, Charles Brennus (père du Bouclier et délégué Usfsa,

ancêtre de la Ffr) veut revenir sur Paris et se rend à pied à la gare « en compagnie de quelques

amis tarbais. » Choix qui n’a pas l’heur de plaire à un groupe de manifestants (Catalans ?

Certainement) massés devant l’hôtel, qui s’attachent à ses pas, lui chantent pouilles, le

conspuent vertement et menacent de le jeter… dans l’eau du canal. Au calme, citoyens !

Les vainqueurs (et le Bouclier) ne rallient Perpignan que le lendemain (lundi) à 22h. Un monde considérable les attend à la gare. Ils sont d’abord reçus (et chaudement félicités) par les autorités dans la salle d’attente des 1ères classes (Excusez du peu !).

Puis un cortège s’élance, précédé par l’Harmonie municipale qui joue ses plus beaux airs. Des feux de Bengale et des pétards explosent sur le passage des héros qui font le tour des places de

Perpignan : Catalogne, Arago, Esplanade, Rigaud et Loge pour finir. Tout le long, vitrines et

balcons des commerçants sont décorés. La foule est compacte et joyeuse…

Le samedi 9 mai, un banquet est organisé en l’honneur des champions dans la salle de l’Eldorado prêtée par M.Font…

La photo de l’équipe est vendue 2 francs 50. On se l’arrache... La-fê-te !

Dès lors que je ne joue surtout pas les rabat-joie ! Mais est-ce que vous me permettez

de souligner quelques bizarreries ? Oui ?... Merci !... François Fournier, le demi de mêlée

mesure 1m56 (pour 65kg) ; Jean Roques, le troisième ligne centre, (qui a été « remplaçant

contre l’Angleterre 1914 » et est considéré être « un joueur d’avenir ») 1m65 (pour 71kg). En

1919, à son retour du Front, on l’appelle « le meilleur avant de 3è ligne de 1914. » D’où le

dicton : « La valeur n’attend pas le nombre des centimètres » ; André Cutzach « n’avait pas

joué depuis trois ans et avait choisi le poste de pilier pour son retour il y trois mois. »

(Citations toutes tirées de « L’Indépendant ») ; (Feu) l’entraîneur du début de saison,

Hyacinthe Augistrou, était capitaine au 53è d’infanterie de Perpignan. Cinq de ses joueurs

sont cantonnés dans ce même régiment : François Nauté (soldat), Jean Roques (caporal),

Georges Lacarra et Joseph Lida (sergents), François Fournier (sous-lieutenant)… Le poids

des piliers champions de France est aussi étonnant : André Cutzach, 78kg, et Albert Joué,

79kg. J’entends d’ici Nicolas Mas et Jérôme Shuster rire sous (leur) cape (internationale). Et

Henri Tuilagi alors, quand il pensera à Jean Roques ?... Autres temps, autres poids ! C’est

connu.
 

 

Jo Socdelac

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Le potin de la semaine 21
. No 5

 

1914-1915

 

La Grande Guerre ! L’Allemagne déclare la guerre à la France le 3 août 1914. Le rugby passe dès lors largement au second plan. Les équipiers de l’As.Perpignan, tout récents champions de France, sont bien sûr enrôlés. Avant de rejoindre le Front, ils cousent le blason sang et or de leur maillot de rugby sur leur habit militaire. Ils ont ainsi le sentiment d’emporter un peu de leur terre catalane avec eux. Ce sol, nombre d’entre eux ne le reverront malheureusement plus jamais.

Raymond Schuller tombe à Rorbach-les-Dieuze en Moselle, le 20 août 1914 ; Maurice Gravas à Bielly-Vieville dans la Meuse le 20 septembre 1914 ; François Fournié à Bois-la-Mazelle dans les Flandres, le 24 septembre 1914 ; Joseph Lida .à Ypres en Belgique le 1er novembre 1914 ; François Nauté est porté disparu à Ypres, lui aussi , le 9 novembre 1914 (Il sera déclaré mort par le Tribunal civil de Perpignan le 16 juillet 1917 puis inscrit sur l’Etat civil de Torreilles le 26 du même mois et de la même année.)… Rorbach-les-Dieuze, Bielly-Vieville, Bois-la-Mazelle, Ypres ! De jolis noms pour un bien triste sort!... Août, septembre, novembre ! La mort n’a pas attendu longtemps pour venir les chercher. Alors que…

Alors que… Aimé Giral se morfond. Un sentiment étrange l’habite. Presque de la honte. Oui, de la honte ! Il voit ses camarades, tous ses camarades, partir au Front servir leur patrie, sa patrie, et il reste, lui, sur Perpignan à attendre l’appel de sa classe. Le 18 décembre 1914 (enfin !), il est mobilisé et part apprendre le maniement des armes à Pézenas au 80è Régiment d’Infanterie. C’est un immense soulagement. Aimé Giral écrit alors à ses parents : « J’aurais eu honte de ne pas être pris, de ne pas pouvoir aller venger mes camarades morts au champ d’honneur. »… Le 15 avril 1915, il est nommé aspirant. Le 20 (avril toujours, 1915 encore), son régiment monte au feu… Au moment de son départ, Albert Bausil lui lance : « Bonne chance petit ! Nous sommes sans crainte à ton sujet. Tu es né veinard. » Veinard ! Et pourtant…

Et pourtant… Lisez donc le terrible acte de décès qui suit. C’est celui d’Aimé Giral. «  Ambulance no 7/16. L’an 1915, le 22 du mois de juillet, à 18h, étant à Somme-Suippe (Marne), acte de décès de Aimé, Henri, Jean Giral, aspirant au 80è Régiment d’Infanterie, 6è compagnie, immatriculé sous le no 8.365, né le 8 août 1895 à Perpignan, y domicilié rue Grande-La Réal, no 10, célibataire, fils de Henri, Laurent, Michel Giral et de Thérèse Llech, mort pour la France à Somme-Suippe (Marne) le 22 juillet 1915 à 17h des suites de blessures de guerre. Conformément à l’article 77 du Code Civil, nous nous sommes transporté auprès de la personne décédée et assuré de la réalité du décès. Dressé par nous Paul Cauvy, officier d’administration de 2è classe, gestionnaire de l’ambulance, officier de l’Etat Civil, sur la déclaration de M.Félix Cazis-Lapeyrouse, lieutenant d’Etat-Major à la 3è division, et de l’abbé Vignes, aumônier 32è division, témoins, qui ont signé avec nous après lecture. » Suivent les signaturesLorsqu’il est mortellement blessé, Aimé Giral regagnait sa tranchée après cinq jours d’infirmerie. Sur le passage de l’ambulance, une bombe explose. Aimé Giral est touché à l’épaule. Dans un premier temps, la blessure est jugée peu grave. Faux ! Un poumon a été perforé. La blessure s’avère fatale… Mourir sous le soleil de juillet 1915 alors que l’on n’a pas encore 20 ans, Dieu que c’est triste !

Pas la moindre mention du rugby, au cours de la saison 1914-1915 dans les archives consultées. Pas la moindre ligne sur un sport quelconque d’ailleurs. Pas une seule ! Les préoccupations sont autres… Comme j’aurais préféré vous parler rugby !

 

Jo Socdelac
 

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